Art et comique selon Emmanuel KANT

Le comique peut être rangé parmi ce qui provoque une gaieté proche du plaisir procuré par le rire et ressortit à l’originalité de l’esprit, mais précisément pas au talent propre aux beaux-arts. Le comique, au bon sens du terme, désigne en effet le talent de se transposer à volonté dans une certaine disposition de l’esprit où tout est jugé de manière complètement différente qu’à l’ordinaire (même de manière inverse), et pourtant conformément à certains principes de la raison adéquats à cette disposition. Celui qui est involontairement soumis à de tels changements d’humeur est qualifié de lunatique ; mais celui qui est capable de les adopter à volonté et conformément à une fin (pour soutenir une présentation vivante d’un contraste provoquant le rire), celui-là est qualifié de comique, comme sa prestation. Cette manière comique ressortit cependant davantage aux arts d’agrément plutôt qu’aux beaux-arts, parce que l’objet de ces derniers doit toujours témoigner lui-même d’une certaine dignité, et exige donc un certain sérieux dans sa présentation, comme le goût dans son jugement.

E.KANT, Critique de la faculté de juger

Néanmoins, comment le comique a-t-il pu s’intégrer au champ socioartistique de l’art contemporain?